Dissection du mouvement "saut en virage"

Avant d'apprendre à tourner court sur une haie, une fondation importante est d'apprendre à sauter en virage et sans vitesse. C'est un comportement exigeant en terme de coordination et d'effort musculaire :

  • coordination car chaque patte a son rôle à jouer pour contrer la force centrifuge et préparer la reprise

  • effort musculaire car les forces mises en jeu sont importantes et leur résultante sort du plan médian du chien

Qu'est ce que cela signifie exactement ?

Coordination

Bilan des forces sur le plan transverse lors d’un virage en Treibball : la force centrifuge Fc et le poids P résulte en une force Fc que Miette doit contrer en prenant d’abord appui sur l’antérieur externe au virage.

Bilan des forces sur le plan transverse lors d’un virage en Treibball : la force centrifuge Fc et le poids P résulte en une force Fc que Miette doit contrer en prenant d’abord appui sur l’antérieur externe au virage.

Dans tout mouvement en virage, le chien doit contrer la force centrifuge qui est un phénomène physique qui tend à éloigner une masse du centre de rotation. C’est cette sensation que vous avez de vous faire éjecter vers l’extérieur du véhicule au moment du virage. C’est également la raison pour laquelle on se penche vers l’intérieur de la courbe quand on fait du vélo pour éviter de perdre l’équilibre ou de dévier de sa trajectoire.

Mais contrairement à une voiture et à un vélo, le chien doit gérer 4 roues motrices ET indépendantes. Donc en plus de devoir transférer son poids vers l’intérieur de la courbe, le chien doit coordonner l’action de chacune de ses pattes : pour attaquer un virage, il doit utiliser les membres externes au virage

Traduit dans un atterrissage de saut en courbe, cela donne :

  • le chien doit d’abord poser l’antérieur externe à la courbe

  • puis l’antérieur interne se pose peut de temps après tandis que le chien transfère légèrement son poids dessus pour s’en servir comme point de pivot

  • pose du postérieur interne au virage qui reprends temporairement toute la charge, c’est le début de la phase de reprise où le chien pivote et pousse en même temps sur ce membre

  • et enfin le chien pose le dernier postérieur loin de son axe médian pour ne pas laisser le bassin basculer vers l’extérieur

 
 
 
 

Or les chiens, comme nous, sont pour la plupart latéralisés, c’est-à-dire qu’ils peuvent être gaucher ou droitier. Les chiens gauchers auront plus tendance à poser d’abord la patte avant gauche (qui reprend alors temporairement tout le poids du chien) et les droitiers la patte avant droite.

Pour certains chiens, changer de pied est aussi difficile que pour nous d’écrire avec notre main faible. Bouger de façon ambidextre demande alors un véritable apprentissage.

 
Miette est gauchère

Miette est gauchère

Cerise est droitière

Cerise est droitière

 

Effort musculaire

Le saut en virage va représenter deux difficultés majeures en terme d’effort musculaire.

La première est que la résultante des forces sort du plan médian du chien : cela signifie que le chien doit écarter ses pattes de son axe central pour contrer cette résultante. Les mouvements principaux mis en jeu sont alors :

 
Abduction et adduction de l’épaule

Abduction et adduction de l’épaule

Abduction et adduction de la hanche

Abduction et adduction de la hanche

  • l’abduction pour les membres externes au virage - mouvement qui écarte un membre de l’axe médian du corps)

  • l’adduction pour les membres internes au virage - mouvement qui rapproche un membre de l’axe médian

Ce sont des mouvements qui sont peu sollicités quand le chien se promène et explore. Ils apparaissent surtout dans des phases de jeu ou de chasse. Ils peuvent donc nécessiter une préparation physique spécifique.

 

La seconde difficulté est l’intensité des forces auxquelles le corps du chien est soumis. Dans le cas d’un atterrissage après un saut en virage, une seule patte du chien peut être amené à encaisser :

  • la force d’inertie : elle représente la résistance du corps au mouvement. Elle est proportionnelle à l’accélération ou à la décélération. Elle ne dépend donc pas de la vitesse du chien mais bien de la variation de vitesse, cela signifie que plus le chien ralenti brusquement pour engager son tourné court, plus cette force est grande.

  • la force centrifuge : la force qui éloigne le corps du chien du centre du virage. Elle est proportionnelle à la vitesse au carré et inversement proportionnelle au rayon de courbure. Cela signifie que plus la vitesse est élevée et plus le virage est serré, plus cette force est grande.

  • son poids : la force exercée par la pesanteur. Elle est proportionnelle à la masse du chien. Cela signifie que plus le chien est lourd, plus cette force est grande.

  • la force élastique : les muscles mettent le corps en mouvement en alternant des phases de contractions et de d’étirements, comme autant d’élastiques. Elle est proportionnelle à l’allongement des membres. Cela signifie que plus l’amplitude du mouvement est importante, plus cette force est grande.

  • la force de Coriolis : bon je vous passe les détails parce que je sens que je vais vous perdre là…

 
 

En gros vous l’aurez compris, ce qui rend un chien bon en sport (vitesse, changements d’allure rapide, capacité à faire des virages serrés, etc.) sont d’autant de facteurs qui vont charger ses muscles à l’extrême.

Camille NguyenMuzo